Soutenu par la Fondation Almayuda, qui a permis au projet de voir le jour, « Le Syndrome de Stendhal » a reçu, dès sa sortie en novembre 2017, un accueil très positif de la critique.

« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. » Ainsi parle Stendhal, en 1817, à la sortie de la Basilique de Florence. La richesse débordante de l’art florentin et l’émotion qui s’en dégage le troublent tant qu’à la fin du 20ème siècle une psychiatre italienne donne le nom de Syndrome de Stendhal à l’éblouissement sidéral provoqué par une exposition prolongée devant une prolifération d’œuvres d’art.

99Aurélie Herrou
Le syndrome de Stendhal, Aurélie Herrou voulait d’abord en faire un film. L’univers du cinéma, documentaire ou fiction, la passionne. Elle a d’ailleurs écrit et réalisé un premier film « In the Box », avec Gregory Hervelin, son compagnon.

Mais, si elle n’a pas renoncé à son projet de film, c’est en BD qu’elle donne vie, en 2017, à la pathologie de l’auteur de la Chartreuse de Parme. Dans cette aventure, Véronique Michel, historienne de l’art liée à la Fondation Almayuda, vient conforter ses connaissances artistiques à chaque fois que nécessaire.

Il déballe un Christo !

Ne sous-estimez pas le pouvoir de l’art !

« Ne sous-estimez pas le pouvoir de l’art ! » pourrait être le sous-titre de cet album, qui voit Frédéric Delachaise, héritier désargenté d’une famille aristocrate, obligé de gagner sa vie comme gardien de musée au Centre Pompidou. Confronté à un univers auquel il ne comprend rien, houspillé par un supérieur borné, ce personnage à la Tati rêve dans la cafétéria, s’endort pendant ses gardes et déballe un Christo, croyant avoir affaire à une livraison de mobilier…

planche syndromeExtrait de la planche 41 du Syndrome de Stendhal, d’Aurélie Herou et de Sagar, chez Glénat. Le personnage de Fred, devenu gardien de salle à Beaubourg, erre dans ses salles avant d’être happé par cette étrange maladie psychosomatique.


Bango, film documentaire réalisé par José Ramón Bas.

À l’extérieur du Musée, sa vie n’est guère palpitante : la propriété familiale est vendue par le notaire, sa fiancée, opportuniste et peu aimante, ne reste avec lui que pour acquérir le titre de duchesse… Heureusement, il y a la danse, dans laquelle il excelle et qui lui permettra bien vite d’exprimer son trop plein d’émotion face aux œuvres d’art.

Car un étrange phénomène va se produire. D’abord insensible, puis curieux et enfin passionné par l’art contemporain, Fred entre en relation avec les œuvres, parle avec elle, entre même physiquement à l’intérieur des « performances ». Parce que sa névrose le fait devenir une part de l’œuvre, parce que son ultra sensibilité le projette dans un monde parallèle il devient même un expert remarqué et remarquable d’un art qu’il méprisait auparavant. Le syndrome de Stendhal, qui l’amène au bord de la folie, a fait une victime de plus !

IMG_17912Signature à la librairie Gallimard

Mais il y a bien d’autres énigmes dans cette œuvre, comme cette femme mystérieuse, dont la silhouette fine se manifeste de temps à autre, comme une apparition d’Aurélie Herrou dans son propre scénario…

Un mot encore pour souligner la qualité du dessin de Sagar Fornies, dit Sagar : maîtrise absolue du mouvement (la danse !), travail coloriel exceptionnel (les bruns, les bleus, les rouges !), rendu des émotions (enfermement, espoir)… L’ancien élève des Beaux-Arts de Barcelone, passionné de musique et d’architecture, déjà nommé en 2016 pour le meilleur premier album de BD 2016, avec « Los vagabundos de la Chatarra », a tout pour devenir un très grand.

L’excellent accueil réservé au « Syndrome de Stendhal » par la critique spécialisée BD l’y aidera sûrement.

Paroles de critiques

« Puisant dans le burlesque de Jacques Tati et de Claude Melki (acteur lunaire de L’Acrobate), la scénariste Aurélie Herrou joue avec le lecteur au fil des tribulations de son personnage, poète incongru dans un monde codifié, tandis que Sagar, le dessinateur, virtuose du mouvement, le démultiplie dans les cases. Quand le 9e art rend hommage aux huit autres. » L’Express

« Cet album aurait pu s’intituler « M. Hulot va au musée ». Frédéric Delachaise face à des cimaises contemporaines accuse le même décalage, cette même douce discordance que révélait le célèbre personnage de Jacques Tati confronté à la modernité galopante. … humour, poésie et lucidité légèrement grinçante (font) de cet album un objet rare. En plus d’être lui aussi (merci au dessinateur Sagar) une petite œuvre d’art. » L’Est Républicain.

Signature à Beaubourg

« C’est un très bel anniversaire que cette BD souhaite au Centre Pompidou. Les auteurs délivrent une vision à la fois sublime et philosophique de ce que l’art peut pour chacun d’entre nous, si nous voulons bien nous ouvrir à lui. » culturebd.com

« Aurélie Herrou explore ici la détresse d’un homme qui s’évade dans le rêve alors qu’il perd tous ses repères. Le dessin de Sagar se révèle tout autant convaincant… Un livre qui se lit d’une traite. » culturevsnews.com

« Le fait est que son récit intimiste et surréaliste, joliment mis en image par le trait souple de Sagar, nous donne furieusement envie de retourner dans un musée et de se laisser gagner par les œuvres qui y sont exposées. » sdimag.fr

Photos DR

Liens utiles :

boutique.centrepompidou.fr/fr/bandes-dessinees/le-syndrome-de-stendhal-bande-dessinee

www.sagarfornies.blogspot.com.es

www.glenatbd.com/bd/le-syndrome-de-stendhal

https://www.lexpress.fr/culture/livre/l-art-d-etre-malade-de-l-art-en-bulles-de-bd_1970293.html