Soutenu par la Fondation Almayuda et aidé par les associations Wayra (Cuzco) et Hogar de Cristo (Arequipa), Juan Carlos Belon Lemoine a organisé, en 2016 et 2017, dix ateliers de photographie numérique destinés à des adolescents des provinces de Quispicanchi Cuzco et de la ville d’Arequipa.

En 2015, à l’occasion d’une exposition conjointe avec Bernard Plossu, dans la galerie de la Non-Maison à Aix-en-Provence (1), Juan Carlos Belon Lemoine rencontre les responsables de la Fondation Almayuda. Au fil de la conversation nait l’idée d’ateliers photographiques pour les jeunes, au Pérou. Juan Carlos Belon Lemoine l’a déjà fait, dans le cadre d’un programme international sur l’inclusion visuelle (2). Son expérience et le projet séduisent Almayuda, qui voit dans cette initiative l’opportunité d’associer le développement humain à la pratique artistique.

Contactée et immédiatement intéressée, l’association Wayra (Cuzco) entre en relation avec les directeurs d’écoles et les parents d’élèves de trois communes rurales : Andahuaylillas, Huaro et Urcos (province de Quispicanchi Cuzco).

Un appareil par personne

Juan Carlos constate très vite la familiarité presque instinctive des jeunes stagiaires avec la photographie numérique.

À la suite de son intervention, 25 adolescents de onze à dix-sept ans, filles et garçons, répartis en cinq groupes de cinq stagiaires, participent aux ateliers, tout au long du mois de septembre 2016. Chaque groupe bénéficie de 12 heures de formation, animées par Juan Carlos qui, très vite, constate la familiarité presque instinctive des jeunes stagiaires avec la photographie numérique.

« La plupart n’avaient jamais eu d’appareil photo entre les mains, mais ceux qui disposaient d’un téléphone mobile connaissaient la photo par ce biais… Certains sont issus de communautés vivant à 3500 mètres. Leurs parents ne parlent que le quechua, mais eux sont bilingues et étudient la semaine dans des villages de moindre altitude, où ils utilisent Internet. C’est ce qui leur a permis d’assimiler très rapidement la technologie et de comprendre intuitivement le fonctionnement et la manipulation des appareils… On a donc gagné du temps sur l’apprentissage et, très vite, les jeunes sont allés sur le terrain, dans les rues des villages, ou dans la nature. »

Les mots justes et bienveillants de Juan Carlos font grandir les adolescents engagés dans le projet, développant leur créativité et leur imagination. Les jeunes stagiaires déploient une motivation joyeuse à transformer leur cadre familier par le prisme de l’objectif et partagent ainsi des émotions inattendues avec le grand photographe.
Optimisée par le nombre volontairement limité de participants et la mise à disposition d’un appareil photo par personne, la rencontre est une réussite totale, qui multiplie les moments privilégiés. Et en fin de stage, tous ont la grande joie de voir leurs photos exposées et admirées par leurs amis et leurs familles.

Témoignages

Parce qu’elle est une véritable réussite, l’expérience est reconduite en 2017.

23 élèves, en provenance des mêmes villages, auxquels s’est ajouté celui d’Urpay, sont sélectionnés par l’association Wayra et leurs écoles. À ces adolescents ruraux de la région de Cuzco s’ajoutent 15 jeunes urbains de 13 à 16 ans, originaires de milieux défavorisés d’Arequipa, rassemblés par l’Association Hogar de Cristo.

Les ateliers sont organisés par groupe de cinq et combinent exercices pratiques (sorties « prises de vue » à l’extérieur) et cours théoriques (visionnage et lecture d’images, histoire de la photo).

Lors de cette seconde session, Juan Carlos Belon réussit à organiser deux ateliers « niveau 2 », destinés aux jeunes de la première promotion, qui souhaitaient perfectionner leur pratique. Peut-être un pas sur la voie d’un futur métier !

 

Dans tous les cas, c’est un plébiscite pour « le professeur Juan Carlos ». Pour Norma, il est « gentil et bon, alors ce n’était pas si difficile de se concentrer et de photographier ce que je pense ou ressens. »

Tous, comme Zaïda, ont beaucoup apprécié la démarche : « J’aimais les endroits où nous allions prendre des photos parce que le prof nous disait de chercher des choses que nous aimions. »

Une manière, comme le dit Royer « d’immortaliser les choses importantes de notre village pour les faire connaître à d’autres personnes ».

Le dernier mot à Maria Jesus, plus pragmatique : « J’ai appris que les images sont importantes, et que tout ça fait partie d’une carrière dans laquelle tu peux gagner beaucoup d’argent ! »

(1) « Le recoin… el rincon »
(2) FotoRio / Rencontres Internationales sur l’Inclusion Visuelle, à Rio de Janeiro.

Juan Carlos Belon Lemoine

Docteur en Sciences Politiques, photographe, vidéaste, essayiste et chercheur indépendant, ses œuvres, photos et vidéos, ont été exposées à plusieurs reprises en France, au Pérou et ailleurs. Créateur en 1989 de la première Biennale de Photographie de l’Amérique du Sud (Aréquipa, Pérou), il fonde en 1997 « Artniente », structure dédiée à l’art contemporain. En 2005/07/09, à l’occasion des Rencontres Internationales sur l’Inclusion Visuelle, à Rio de Janeiro, il présente des projets français et péruviens sur l’inclusion visuelle. Il est intervenant aux rencontres entre critiques et chercheurs dans le cadre de Trasantlántica/Photoespaña. Depuis 2011 il est collaborateur de Rencontres Place publique (Marseille, France). En 2013 il est coordinateur et modérateur lors de la rencontre internationale « Fonction de l’art, fonction de l’artiste » au Centre d’art contemporain de Quito, Equateur.
Photos : Ateliers Andins de Photographie